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L'épopée du TDAH : Plongée dans les méandres de l'évolution

SOMMAIRE :





I. TDAH et Darwin : Quand la survie du plus adapté rencontre l'hyperactivité


A. TDAH : Un rapide tour d'horizon des symptômes


Imaginez une balle rebondissante, rebondissant d'un côté à l'autre de la pièce. Imaginez cet enfant incapable de rester assis plus de quelques secondes, qui a du mal à se concentrer et à prêter attention aux détails ou bien à l’inverse, de ne prêter attention qu’à eux. Bienvenue dans le monde du TDAH !


Les symptômes incluent des niveaux d'inattention records, une hyperactivité qui ferait une bonne pub pour Redbull et une impulsivité qui fait décoller la fusée bien avant le « 3…2…1…ignition ».


Les personnes atteintes de TDAH ont souvent du mal à organiser leurs tâches et leurs activités et peuvent avoir l’impression de vivre dans une cacophonie permanente. Elles peuvent également avoir du mal à rester assises dans des situations où cela serait approprié.


Ces symptômes peuvent entraîner des problèmes de performance dans les environnements sociaux, éducatifs ou professionnels. Des patients évoquent parfois avec le sourire, la présence chez eux de petits lutins qui leur cachent leurs affaires régulièrement.


Il est important de noter qu'il n'existe aucun marqueur biologique du TDAH – c'est-à-dire, aucun examen médical permettant d’établir le diagnostic. Le diagnostic clinique est établi en fonction des antécédents cliniques de l'enfant et de l'impact des symptômes comportementaux sur son réseau de relations (école, amis, famille, activités, etc.).

Voilà pour notre tour d'horizon express du TDAH ! Découvrons maintenant comment Darwin et la théorie de l'évolution peuvent nous aider à comprendre ce trouble fascinant.



B. La théorie de l'évolution fait son entrée en psychologie


Et voilà que Darwin, débarque en psychologie ! La biologie évolutive se pose comme un véritable chef d'orchestre pour les sciences comportementales et cognitives, et nous propose une nouvelle partition pour mieux comprendre les troubles mentaux. C’est ce que l’on appelle la psychologie évolutionnaire.


Et si le TDAH était une forme d’adaptation de notre cerveau pour affronter des environnements pathogènes précoces ? Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs devaient probablement être ravis d'avoir des membres du clan avec des cerveaux hyperactifs et créatifs ! En revanche, l'optimisation de nos cerveaux pour certains environnements peut nous rendre moins performants dans d'autres situations.


Alors, quelle est la grande innovation de la psychologie évolutionnaire ? Eh bien, elle nous propose de voir l'esprit humain comme une véritable boîte à outils. Chaque outil est spécialisé pour résoudre des problèmes spécifiques auxquels nos ancêtres étaient confrontés, tels que choisir un partenaire, apprendre une langue, coopérer et gérer l'infidélité (parce que, oui, même à l'époque des cavernes, il y avait des histoires de cœur compliquées - on n'invente rien).


La psychologie évolutionnaire nous propose de voir notre vie psychique comme un réseau de programmes universels, que nous partageons tous, spécialisés et qui façonnent notre organisation mentale et notre culture. Et si l'on regarde le TDAH sous cet angle, ça change la donne ! Alors, accrochez-vous, car cette nouvelle vision de la psychologie et du TDAH risque de chambouler nos idées reçues et d'ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques (ou de nous embrouiller encore plus…).



II. Le paradoxe du TDAH : Un casse-tête évolutif


A. Le TDAH face au dilemme de l'évolution humaine


Alors voilà, le TDAH est devenu un véritable casse-tête pour nos amis évolutionnistes. Un trouble mental répandu et hautement héréditaire, avec son lot de déficiences, de morbidité et de mortalité. Ça ne ressemble pas vraiment à une bonne affaire pour la survie de l'espèce, n'est-ce pas ? Et pourtant, le TDAH est là, bien présent, défiant les modèles d'évolution humaine basés sur la sélection naturelle. Il faut bien avouer que cela pose question.


Alors, pourquoi le TDAH est-il toujours là ? Est-ce que nos ancêtres hyperactifs avaient un pouvoir caché qui les a aidés à survivre dans un monde où il fallait être constamment sur ses gardes ? Peut-être que l'attention éparpillée était en réalité une forme de "vigilance" adaptative face aux prédateurs et aux ennemis (un peu comme un radar). L'impulsivité, quant à elle, pourrait être vue comme une "aptitude à réagir" face au danger. Et l'hyperactivité, alors ? Eh bien, peut-être que nos ancêtres étaient des explorateurs infatigables, toujours en quête de nouvelles sources de nourriture et de meilleurs habitats.


Tout cela semble bien joli, mais pour l'instant, ce ne sont que des hypothèses qui n'ont pas été testées empiriquement (on est encore loin d'avoir trouvé la preuve irréfutable de la supériorité des personnes atteintes de TDAH à l'époque préhistorique, ne vous emballez pas !). Le défi pour les chercheurs est donc de vérifier ces hypothèses et de déterminer si les caractéristiques du TDAH confèrent réellement un avantage physique dans certains environnements.


En attendant, le dilemme du TDAH et des autres troubles mentaux dans le contexte des modèles d'évolution humaine basés sur la sélection naturelle reste un mystère à élucider.



B. Les pouvoirs cachés du TDAH : Des hypothèses adaptatives


Alors, le TDAH aurait-il quelques pouvoirs cachés que l'évolution a oublié de nous dire ? Eh bien, certains chercheurs ont une théorie (ou plutôt plusieurs) sur la manière dont ce trouble aurait pu être avantageux dans certains environnements tout au long de l'évolution humaine. Bon, d'accord, ces caractéristiques ne sont pas très utiles dans la société moderne, mais qui sait, peut-être qu'elles étaient bien pratiques à l'époque des cavernes. Revenons plus en détail sur ce évoqué précédemment.


Parmi les hypothèses adaptatives du TDAH, on trouve :

  1. L'hypothèse du chasseur-agriculteur : Selon cette idée, nos ancêtres hyperactifs étaient de redoutables chasseurs-cueilleurs, capables d'être hypervigilants et de réagir rapidement aux changements de leur environnement. De nos jours, par contre, ces "talents" sont moins appréciés en classe ou au bureau.

  2. L'hypothèse de la prise de risques : Ici, l'idée est que le TDAH était un atout dans les environnements dangereux et incertains où les impulsifs et les casse-cous avaient plus de chances de survivre. Pas très pratique aujourd'hui, sauf si vous êtes cascadeur.

  3. L'hypothèse de l'amélioration cognitive : Cette hypothèse suggère que le TDAH conférait un avantage dans les environnements où la créativité et l'innovation étaient nécessaires. Nos amis hyperactifs seraient donc des génies créatifs capables de penser "en dehors des sentiers battus".

Bien sûr, ces hypothèses ne s'excluent pas mutuellement et le TDAH est probablement le résultat d'une interaction complexe entre la génétique et l'environnement. Envisager le TDAH sous un angle évolutif peut aider à mieux comprendre ce trouble et ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques.


Cependant, il faut garder à l'esprit que ces idées restent spéculatives et n'ont pas été vérifiées empiriquement. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour déterminer si le TDAH confère réellement des avantages en matière de condition physique dans certains environnements. En attendant, on peut toujours imaginer nos ancêtres hyperactifs en train de courir après des mammouths ou d'inventer la roue, et se dire que finalement, le TDAH n'est peut-être pas si mal que ça.



III. La recette du TDAH : Gènes, environnement et un soupçon d'épigénétique


A. La génétique au cœur du TDAH et la signalisation de la dopamine


La génétique, cette science qui explique pourquoi certains d'entre nous ont les yeux bleus, les cheveux bouclés ou... le TDAH ! Eh oui, ce trouble complexe semble avoir une forte composante génétique et il est impossible de parler d’évolution sans parler de génétique.


Des études sur des jumeaux et des familles ont montré que le TDAH est hautement héréditaire, avec des estimations allant de 70 à 90 %. Alors, quels sont ces gènes qui rendent hyperactifs et inattentifs ?


Eh bien, plusieurs gènes ont été identifiés comme étant potentiellement impliqués dans le développement du TDAH. Parmi eux, on trouve des gènes liés à la signalisation de la dopamine, à la fonction synaptique et au développement neuronal. En d'autres termes, ces gènes sont un peu comme les ingrédients d'un cocktail neurologique qui donnerait naissance au TDAH dans certaines conditions.


La signalisation de la dopamine est un processus complexe qui implique la transmission de signaux entre les neurones du cerveau et d'autres parties du corps. La dopamine est un neurotransmetteur qui joue un rôle clé dans la régulation du mouvement, de la motivation, de la récompense et du plaisir. Elle est impliquée dans un large éventail de processus physiologiques et comportementaux, y compris la pulsion d'accouplement et la formation de la mémoire à long terme.



La signalisation de la dopamine est médiée par un réseau complexe de récepteurs et de transporteurs répartis dans le cerveau et dans d'autres parties du corps. L'accumulation ou la suppression de signaux provenant de neurones dopaminergiques spécialisés peut motiver ou démotiver l'accouplement, respectivement. La signalisation de la dopamine est également impliquée dans la régulation de la formation et de la consolidation de la mémoire à long terme dans le cerveau des rongeurs.


Faraone et al. (2015) ont utilisé une étude d'association pangénomique (GWAS) pour identifier les variants génétiques courants associés au TDAH. Ils ont trouvé des associations importantes avec des gènes liés à la signalisation de la dopamine et au développement neuronal. De son côté, Lange et al. (2010) ont étudié le rôle de gènes spécifiques dans le TDAH. Ils ont également identifié des gènes significativement associés au TDAH, notamment ceux liés à la signalisation de la dopamine et à la fonction synaptique.


En résumé, ces études suggèrent que le TDAH a une base génétique solide, avec plusieurs gènes et voies impliqués dans son développement. Alors, la prochaine fois que quelqu'un vous dira que le TDAH est "juste dans votre tête", vous pourrez répondre que oui, effectivement, c'est dans la tête, mais pas de la manière dont ils le pensent. C'est littéralement ancré dans l’ADN, avec des gènes spécifiques qui interagissent avec des processus neurologiques complexes pour rendre inattentifs, impulsifs et hyperactifs.



B. L'impact des facteurs environnementaux et de l'épigénétique


Maintenant que nous avons établi que la génétique a un rôle crucial dans le TDAH, il est temps d'ajouter quelques ingrédients supplémentaires à notre recette. Ne sous-estimez pas les facteurs environnementaux, car ils ont le pouvoir de rendre les choses encore plus compliquées. Le TDAH n'est pas seulement l'histoire d'une séquence d'ADN méchante – il y a aussi des influences extérieures qui peuvent venir brouiller les cartes.


La fumée du tabac pendant la grossesse et la petite enfance, par exemple, est associée à un risque accru de TDAH. Et que dire d'une mauvaise alimentation, de l'exposition à des toxines ou du stress ? Tous ces éléments peuvent également contribuer au développement de ce trouble.


Mais ne nous arrêtons pas là, car l'épigénétique vient ajouter un soupçon de mystère à notre recette du TDAH. Ce processus, comme la méthylation de l'ADN, peut influencer le développement neurologique et modifier l'expression des gènes. Les facteurs environnementaux, tels que la qualité des soins maternels et l'exposition à la maltraitance pendant l'enfance, peuvent affecter les profils de méthylation de l'ADN. Ces changements épigénétiques peuvent entraîner des anomalies structurelles et fonctionnelles dans le cerveau en développement et contribuer au développement du TDAH.


Il faut tout de même garder à l'esprit que les causes exactes du TDAH ne sont pas entièrement comprises et que le trouble résulte probablement d'une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. Les naissances prématurées, l'insuffisance pondérale à la naissance, l'exposition au plomb ou à d'autres toxines, ainsi que les expériences négatives vécues pendant l'enfance, peuvent également augmenter le risque de développer un TDAH.


En somme, si vous voulez comprendre le TDAH, vous devez considérer un mélange complexe de génétique, d'environnement et d'épigénétique.



IV. Les multiples visages du TDAH : Enfance, adolescence et âge adulte


A. Les trois présentations du TDAH : selon le DSM-5 et l'ICD-11


Le TDAH est un trouble plein de surprises, et pour le comprendre, il faut se familiariser avec ses trois présentations : principalement hyperactif/impulsif, prédominance d'inattention et présentation combinée. Ces trois présentations sont reconnues par les deux grandes références de la psychiatrie, le DSM-5 et l'ICD-11. Si vous pensiez qu'un TDAH était comme un autre, détrompez-vous, car chaque présentation a ses propres caractéristiques.


La première présentation, la présentation principalement hyperactive/impulsive, est toujours en mouvement, ne peut pas attendre son tour et ne craint pas d'interrompre les autres. Un véritable tourbillon d'énergie. La deuxième présentation, la présentation principalement inattentive, est plus discrète, distraite, désorganisée et oublieuse – un rêveur perpétuel. Enfin, la troisième présentation, la présentation combinée, est un mélange des deux autres, avec des symptômes d'hyperactivité/impulsivité et d'inattention.


Pour être diagnostiqué avec un TDAH, il ne suffit pas de ressembler à l'une de ces présentations. Les symptômes doivent être inappropriés sur le plan du développement et causer des problèmes dans différents contextes, tels que l'école, le travail ou les situations sociales. Les deux systèmes de classification, le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) et l'ICD (Classification internationale des maladies), sont là pour aider à diagnostiquer et classer les troubles mentaux. Le DSM est une publication made in USA, tandis que l'ICD est un best-seller international publié par l'Organisation mondiale de la santé.


Le DSM-5 et l'ICD-11, les dernières éditions de ces systèmes de classification, sont sur la même longueur d'onde en ce qui concerne les trois présentations du TDAH.



B. Grandir avec le TDAH : Une évolution au fil du temps


Grandir avec le TDAH, une aventure qui mériterait son propre film. Un film dans lequel notre personnage principal, le TDAH, change et évolue au fil du temps. Loin d'être un conte de fées, les étapes du développement sont semées d'embûches.


Le TDAH est un trouble du développement qui débute généralement pendant l'enfance et peut s'étendre jusqu'à l'âge adulte. Les symptômes du TDAH se transforment avec le temps, à tel point que l'hyperactivité et l'impulsivité pourraient presque jouer à cache-cache. Pendant ce temps, l'inattention persiste telle une vieille habitude difficile à briser. Bien sûr, chaque personne atteinte du TDAH suit sa propre trajectoire, et certaines continuent à présenter des symptômes et des déficiences importants tout au long de leur vie.



Alors, comment le TDAH se manifeste-t-il à mesure que les individus grandissent ? Voici quelques exemples :

  1. Résultats scolaires : Les enfants atteints du TDAH ont souvent du mal à se concentrer en classe, à terminer leurs devoirs et à rester organisés. Résultat : des bulletins scolaires qui laissent à désirer.

  2. Relations sociales : Les enfants atteints du TDAH peuvent avoir du mal à déchiffrer les signaux sociaux et à contrôler leurs impulsions, ce qui peut compliquer la création et le maintien d'amitiés.

  3. Régulation émotionnelle : Les enfants atteints du TDAH ont souvent du mal à gérer leurs émotions, entraînant des sautes d'humeur, de l'irritabilité et des difficultés à faire face au stress.

  4. Stigmatisation : Les enfants atteints du TDAH peuvent être confrontés à la stigmatisation et à la discrimination à cause de leur trouble, ce qui peut affecter leur estime de soi et leur sentiment d'identité.


Il est important de souligner que chaque personne atteinte du TDAH vit ces défis différemment. Cependant, avec un soutien et un traitement appropriés, de nombreuses personnes atteintes du TDAH réussissent à mener une vie épanouissante.



V. La théorie de l'évolution et le TDAH : Impact sur les traitements et la prise en charge


A. Soigner le TDAH à la sauce darwinienne


Nous avons vu que l’approche évolutionnaire de la psychologie permettait d’envisager le TDAH différemment, alors pourquoi ne pas traiter le TDAH en tenant compte de cette perspective ?


Prenons l'hypothèse Hunter-Farmer, qui suggère que le TDAH était une réponse adaptative au mode de vie de chasseurs-cueilleurs que nous avons vu plus haut. Nos ancêtres devaient être vigilants et réagir rapidement aux stimuli changeants pour survivre. Mais voilà que ces mêmes caractéristiques sont devenues un fardeau dans notre société structurée. La même logique s'applique à l'hypothèse de la prise de risques, où l'impulsivité et la propension au risque étaient bénéfiques dans un environnement incertain.


La clé pour soigner le TDAH à la sauce darwinienne, c'est de tenir compte de ces éléments adaptatifs. Les traitements devraient être personnalisés en fonction de l'environnement et des besoins de chaque enfant, plutôt que de simplement chercher à éliminer les symptômes. Un enfant créatif pourrait bénéficier d'un traitement qui stimule cette créativité tout en abordant les problèmes d'attention et d'impulsivité, tandis qu'un enfant dans un environnement très structuré pourrait avoir besoin d'un traitement ciblant l'amélioration de l'attention et la réduction de l'impulsivité.


Recadrer le TDAH à travers le prisme de l'évolution présente plusieurs avantages :

  1. Des plans de traitement plus efficaces et individualisés, en tenant compte de la nature potentiellement adaptative des caractéristiques du trouble.

  2. La réduction de la stigmatisation associée au TDAH, en le redéfinissant comme une réponse adaptative plutôt qu'une pathologie.

  3. De nouvelles découvertes scientifiques, en encourageant les chercheurs à étudier les origines évolutives du TDAH et ses caractéristiques.

En fin de compte, considérer le TDAH sous un angle de l’évolution pourrait nous aider à repenser les traitements et à mieux comprendre ce trouble.



B. TDAH et manie : Des avantages cachés dans l'hyperactivité ?


L'hyperactivité, cet état d'agitation et d'impulsivité extrême souvent associé au TDAH. Il existe une autre condition, la manie, qui se caractérise également par une humeur élevée et une énergie accrue, et qui soulève la question : y a-t-il des avantages cachés dans l'hyperactivité ? Bien que nous l’ayons déjà évoqué plus haut, revenons plus longuement sur ses possibles avantages.


Le TDAH et la manie partagent des similitudes, comme des niveaux élevés d'activité motrice, et ils peuvent même coexister. Cependant, ils présentent aussi des différences significatives. Le TDAH est marqué par des problèmes de fonctions exécutives, tandis que la manie se caractérise par de la grandiosité et des manquements à la réciprocité. De plus, alors que certaines personnes atteintes de manie pourraient tirer avantage de leur niveau d'activité élevé dans certains contextes, les personnes atteintes de TDAH semblent avoir peu d'opportunités pour exploiter cette caractéristique.


Les deux troubles ont des origines différentes : le TDAH est un trouble neurodéveloppemental, tandis que la manie est un symptôme du trouble bipolaire. Cependant, certaines études ont montré que le TDAH et le trouble bipolaire partagent des facteurs de risque génétiques et environnementaux. Par ailleurs, le TDAH pourrait être un indicateur d'un début précoce de troubles bipolaires.


Dans le cas de la manie, un niveau d'activité élevé peut être bénéfique dans certains domaines, tels que les environnements créatifs ou compétitifs, mais il peut aussi entraîner impulsivité et comportements à risque. En revanche, pour le TDAH, il est peu probable qu'un niveau d'activité élevé constitue un avantage concurrentiel, car l'impulsivité observée dans le TDAH résulte plutôt de défauts des fonctions exécutives.


En somme, les avantages et les inconvénients potentiels d'un niveau d'activité élevé dépendent du contexte spécifique et des caractéristiques individuelles. Pour le TDAH, l'hyperactivité peut entraîner des difficultés d'attention et d'impulsivité, mais dans certains cas, elle pourrait aussi être un signe précoce de trouble bipolaire. En ce qui concerne la manie, si les niveaux d'activité élevés sont caractéristiques du trouble, ils peuvent également provoquer impulsivité, comportements à risque et autres conséquences négatives.


VI. Un long chemin à parcourir : Limites et perspectives de recherche


A. Le chemin semé d'embûches des recherches sur l'évolution du TDAH


Quel dédale de mystères, de questions sans réponse et de casse-têtes scientifiques. Prouver la valeur adaptative de ce trouble dans différents environnements est un défi de taille, et les chercheurs se retrouvent bien souvent dans des impasses.


D'abord, il faut concevoir des études capables de mesurer avec précision les avantages ou les inconvénients du TDAH dans divers contextes, tout en contrôlant les variables confusionnelles qui adorent venir perturber les résultats des chercheurs. Le TDAH est un trouble complexe, avec des facteurs de risque génétiques et environnementaux si intriqués qu'il est difficile d'isoler des traits ou des mécanismes spécifiques susceptibles d'être adaptatifs.


Il faut également distinguer le TDAH d'autres troubles neurodéveloppementaux, comme le trouble du spectre autistique (TSA). Ces deux troubles partagent certaines caractéristiques génétiques et neurobiologiques, mais ils présentent également des symptômes comportementaux et des profils cognitifs distincts. Les approches d'apprentissage automatique ont bien tenté de les différencier, mais elles ont révélé un chevauchement important entre le TDAH et le TSA.


Pour résumer, les recherches sur l'évolution du TDAH sont un véritable parcours du combattant, où les scientifiques doivent jongler entre de multiples disciplines et sources de données pour tenter de percer les mystères de l'évolution des traits et des troubles psychologiques.



B. Le TDAH à l'ère de la neurodivergence : Vers un nouveau paradigme ?


Un terme qui résonne avec autant de promesses que de perplexité. Est-il possible que le TDAH fasse partie d'un vaste continuum de traits neurodivergents ? Voilà une idée qui pourrait chambouler notre approche du diagnostic et du traitement de ce trouble. Alors, prenons un moment pour nous plonger dans ce concept.


On sait déjà que le TDAH est lié à diverses anomalies cérébrales, telles que des différences dans le cortex préfrontal, le système dopaminergique, le système noradrénergique et les noyaux gris centraux. Toutefois, il faut avouer que notre compréhension des mécanismes cérébraux exacts impliqués dans le TDAH est encore loin d'être complète.


Mais revenons à notre sujet principal : la neurodivergence. Cette approche suggère que le TDAH n'est pas un trouble isolé, mais plutôt un point sur un spectre de traits neurodivergents dont l'impact et la gravité varient d'un individu à l'autre. Cette idée pourrait changer la manière dont nous abordons le diagnostic et le traitement du TDAH, et nous amener à reconnaître et soutenir davantage la diversité des troubles neurodivergents.

Des études récentes ont souligné des similitudes entre le TDAH et d'autres troubles neurodivergents, tels que les troubles du spectre autistique. Ces similitudes pourraient indiquer une étiologie partagée entre ces troubles, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour éclaircir cette relation complexe.


Le paradigme de la neurodivergence offre une perspective plus inclusive et holistique pour comprendre le TDAH et d'autres troubles neurodivergents. Par ailleurs, cette approche pourrait faciliter une meilleure intégration de la théorie de l'évolution en psychologie. En reconnaissant la diversité de la cognition et du comportement humains, le concept de neurodivergence pourrait nous aider à comprendre les fonctions adaptatives de ces traits dans le contexte de l'évolution humaine.


Alors, sommes-nous à l'aube d'un nouveau paradigme pour le TDAH ? Peut-être. Mais comme toujours en science, la prudence est de mise. Le concept de neurodivergence soulève de nombreuses questions et défis qui nécessitent des recherches supplémentaires pour être pleinement compris. En attendant, continuons à explorer cette voie prometteuse avec curiosité et scepticisme.


VII. Conclusion : L'appel de la jungle (scientifique) - Pourquoi continuer à explorer le TDAH et l'évolution


Chers explorateurs de la jungle scientifique, le périple touche à sa fin. Mais avons-nous vraiment tout exploré ? Ne faudrait-il pas continuer à se plonger dans l'univers du TDAH et de l'évolution ? Évidemment ! Et voici pourquoi :

  1. La réduction de la stigmatisation : en redéfinissant le TDAH comme une réponse adaptative à certains environnements, plutôt qu'une affection purement pathologique, on évite de mettre une étiquette négative sur les personnes concernées. Fini le "cas pathologique", bonjour l'adaptabilité !

  2. La compréhension des mécanismes sous-jacents : en étudiant les origines évolutives du TDAH, on peut mieux comprendre les mécanismes derrière ce trouble et développer de meilleurs traitements.

  3. Des plans de traitement plus efficaces et individualisés : en considérant la nature potentiellement adaptative des caractéristiques du TDAH, les cliniciens pourront élaborer des plans de traitement sur mesure. Fini le "taille unique", place à l'approche personnalisée !

  4. Une meilleure compréhension de l'interaction entre les facteurs génétiques et environnementaux : en continuant à explorer le TDAH et l'évolution, on pourra mieux comprendre les mécanismes complexes qui régissent le développement de ce trouble.


L'exploration du TDAH et de son évolution est loin d'être terminée. Les trésors cachés de la jungle scientifique n'attendent que d'être découverts, alors en route pour de nouvelles aventures ! Peut-être que notre quête nous mènera à un monde où le TDAH est considéré comme un avantage évolutif plutôt qu'un trouble à combattre.

Et pour conclure, voici quelques anecdotes amusantes et intrigantes à prendre avec des pincettes sur la psychologie évolutionnaire et le TDAH :

  1. Les chasseurs-cueilleurs nomades avec des traits de TDAH auraient été mieux nourris que leurs homologues sans TDAH. Les traits associés au TDAH pourraient donc avoir été bénéfiques dans un contexte de survie.

  2. Certaines études suggèrent que les caractéristiques du TDAH pourraient avoir aidé nos ancêtres à se protéger contre diverses menaces, telles que les attaques de bétail ou les pillages.

  3. Selon le récit évolutionniste du TDAH, les enfants atteints de ce trouble ont tendance à s'épanouir lorsqu'on leur accorde plus de liberté et moins de structure. Une philosophie éducative à méditer, peut-être ?

  4. Enfin, certaines études avancent que le TDAH aurait été un avantage pour nos lointains ancêtres : une courte durée d'attention et une hyperactivité constante auraient conduit à une collecte de ressources plus importante, se traduisant par un plus grand succès reproductif et la transmission des gènes.

Ces anecdotes, aussi amusantes soient-elles, doivent bien sûr être prises avec précaution. Mais elles nous rappellent que le TDAH et l'évolution sont des domaines de recherche passionnants, avec de nombreuses découvertes à venir.




SOURCES :

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