L’épidémie de COVID-19 peut-elle engendrer une « épidémie » de souffrances psychologiques ?
L’équipe du Département des troubles affectifs de l’hôpital universitaire d’Aarhus, au Danemark, vient de partager un « preprint », c’est-à-dire une version qui n’a pas encore été vérifiée ni publiée, d’un article portant sur les conséquences psychiatriques de la pandémie de COVID-19.
Les auteurs partent du constat que les publications sur ce sujet sont presque inexistantes alors que l’enjeu est très important, en particulier pour les personnes qui souffraient déjà de maladies psychiatriques avant la crise actuelle.
L’étude a été menée auprès de 5 hôpitaux danois couvrant environ 1,3 millions de personnes, sur une période s’étalant du 1er février au 23 mars 2020 (le premier cas confirmé au Danemark datant du 26 février). L’idée des chercheurs étant de mettre en évidence l’existence de symptômes liés à la pandémie chez des personnes venant consulter pour tout types de troubles mentaux à partir de plus de 400 000 notes de consultations.
Parmi ces notes, près de 15 000 concernaient des patients adultes reçus dans un des services de psychiatrie et 11 000 de ces notes, concernant près de 6 000 patients, faisaient mention de termes liés à la pandémie. Après une analyse plus fine permettant d’écarter toutes les mentions faisant référence à des aspects logistiques ou organisationnels comme le fait de déplacer un rendez-vous à cause de la pandémie, il en est ressorti que 1357 notes associées à 918 patients étaient bien liées à l’impact de la pandémie sur la vie mentale : 612 étaient des femmes âgées en moyenne de 36,3 ans et 297 des hommes âgés en moyenne de 40,9 ans.
Quelles sont les pathologies psychiatriques les plus représentées dans cette étude ?
- La schizophrénie et troubles apparentés avec 198 patients ;
- La dépression (unipolaire) avec 130 patients ;
- Les troubles de l’adaptation avec 117 patients.
Les troubles de l’adaptation concernent l’apparition de symptômes émotionnels et comportementaux significatifs en réaction à des facteurs de stress identifiables. La personne ne parvient plus à s’adapter et la souffrance psychique devient trop grande ou le retentissement sur le fonctionnement normal trop important.
Quels sont les symptômes les plus représentés dans cette étude ?
- L’anxiété concerne 539 notes ;
- Le stress non spécifié concerne 174 notes ;
- Les délires concernent 149 notes.
Les auteurs de l’étude ont sans doute voulu mettre en évidence une évolution similaire du nombre de personnes atteintes de symptômes psychiatriques par rapport à celui des personnes atteintes de COVID-19. L’idée étant d’alerter sur ce phénomène afin de mettre en place rapidement des stratégies et des mesures de soutiens aux personnes en souffrance.
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