Sais-tu ?
Que cette chaise en paille est bien trop haute pour moi
Que dans l’assiette creuse je m’y perds, je m’y noie
Que ma cuillère est lourde autant que mes paupières
Que je tâche ma serviette et mes habits austères
Que mes gestes sont lents et mes idées fantasques
Que mes yeux imaginent car ils deviennent opaques
Que mes bras n’enlacent plus que des ombres inconnues
Que mon cœur s’engourdit par ses allées venues
Sais-tu ?
Quand le jour se faufile au travers des persiennes
Qu’on me porte mon lait que je bois avec peine
Ça ma rappelle ce temps où tu buvais le tien
Dans ton cocon douillet à l’aube des matins
Quand on me donne un bain et qu’un parfum s’invite
Sur cette peau flétrie, tachetée et à rides
Ça me rappelle le temps quand ce lait imprégnait
Ton corps tout juste né qui me faisait tanguer
Sais-tu ?
Quand cette dame blanche vient border mon ennui
Que cette ampoule veille pour défier la nuit
Ça me rappelle ce temps où mes baisers du soir
Emmitouflaient ton front à chaque fin d’histoire
Aujourd’hui me voici dans ce hall, cette gare
Où mes pensées se croisent, s’envolent puis s’égarent
Je n’ai plus maintenant que des reflets d’antan
Ma mémoire s’étiole, navigue sans sextant
Alors ! J’attends
J’attends, je ne sais quoi
Peut être le bruit d’un pas ou le son d’une voix !
L’éclat d’un souvenir qui me ferait sourire
J’attends, je ne sais qui
Peut être une visite
Aujourd’hui ou demain
Peut être après demain
Alors ! J’attends
J’attends tout simplement
Tout simplement Rien !
WL
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