SOMMAIRE :
Introduction
Le terme "syndrome de Stockholm", qui tire son nom d'un braquage de banque à Stockholm, en Suède, est utilisé pour décrire un lien émotionnel positif qu'une otage peut avoir avec ses ravisseurs. On pense que ce lien se développe dans le cadre d’un mécanisme de défense des victimes pour les rendre sympathiques à leurs kidnappeurs, conduisant à l'acceptation de la situation, limitant la défiance envers les preneurs d’otages et donc assurer la survie d'une autre manière.
Ce qu’il s’est passé à Stockhom
Le jeudi matin 23 août 1973, Janne Olsson, 32 ans, arrive en voiture à la Sveriges Kreditbanken, place Norrmalmstorg, à Stockholm, en Suède. Il vient de s’évader de prison et est armé d’une mitraillette. Il tire plusieurs coups de feu, blessant un policier. Il a ensuite pris en otages quatre employés de la banque. La principale requête d'Olsson est que son codétenu, Clark Olofsson, 26 ans, soit libéré de prison et autorisé à le rejoindre ; le gouvernement suédois accepte la demande. Olofsson rejoint Olsson et les quatre otages. La suite des événements donne le nom au Syndrome de Stockholm : en effet, les quatre détenus semblent s’être liés aux braqueurs : ils ne voulaient pas que la police leur porte secours.
Un diagnostic ?
Jusqu'à présent, seules quelques études ont été menées sur la fréquence de ce syndrome sur victimes d’enlèvements et sur ses effets à long terme sur leur santé mentale. Il existe pourtant bien des outils d’évaluation pour diagnostiquer la présence d’un syndrome de Stockholm chez les femmes victimes de violences conjugales ou encore chez les militaires ayant eu à combattre. Le syndrome de Stockholm n’apparait dans aucunes classifications internationales.
Des principes ont été élaborés pour décrire le syndrome de Stockholm ; les critères les plus fréquemment mentionnés sont ceux de Grahams (1995), fondés sur l'analyse de neuf groupes différents de victimes.
Graham a énuméré quatre signes présents lors de l’apparition du syndrome de Stockholm :
Qu’il y ait un risque perçu de perdre la vie et la conviction que cela peut arriver.
Les otages conçoivent une certaine bonté chez le ravisseur dans un contexte de peur,
Les otages sont isolés d’autres perspectives que celle du ravisseur, et
Les otages ont l’impression qu’ils ne peuvent pas s'échapper.
Les déterminants
Bon nombre de conclusions d’articles scientifiques se contredisent. L'une d'entre elles affirme que le syndrome de Stockholm est un indicateur de la gravité de l'expérience vécu par l’otage. A l’inverse, une autre étude conclut que le niveau du syndrome de Stockholm ressenti par un otage augmente quand celui-ci croit bénéficier d’une meilleure qualité de traitement de la part des ravisseurs. Une autre étude a révélé que le développement du syndrome pourrait être davantage lié à la violence psychologique qu'à la violence physique. A l'aide d'entretiens structurés, Wesselius et DeSarno ont constaté qu'un seul des six otages interrogés souffrait du syndrome de Stockholm ; cet otage avait l'expérience la plus positive du contact avec le ravisseur.
Les théories
Peu d'études ont tenté d'expliquer pourquoi le syndrome de Stockholm peut se développer chez les victimes, mais plusieurs théories ont été avancées. Les jeunes peuvent être particulièrement sensibles au syndrome de Stockholm car ils développent des sentiments positifs envers les adultes dont ils dépendent pour leur protection et leurs besoins fondamentaux. Ils sont donc moins susceptibles d'abandonner ce lien positif si l'adulte s'avère être l'agresseur. Dans une prise d'otage, la victime devient l'enfant et l'adulte est le preneur d'otage.
Certains auteurs suggèrent que l'espoir de s'échapper peut être une cause sous-jacente de l’apparition du syndrome. Une forte excitation, causée par la peur, peut être interprétée à tort comme de l’attirance ; En étant plus amicaux, les otages peuvent mieux s'adapter au stress de la captivité. L'utilisation de fausses identités est également censée permettre aux victimes de mieux faire face à la captivité car elle permet de créer une séparation psychologique entre le monde normal et la captivité.
Des cas
Depuis les années 1970, l'étiquette "syndrome de Stockholm" a été utilisée pour décrire le comportement d'un certain nombre de victimes d'enlèvement, qui se sont apparemment comportées de la même manière que les premiers otages de Stockholm. En 1974 une héritière américaine, PH, a été enlevée par l'Armée de libération symbionaise (Californie). Pendant les 57 premiers jours de sa détention, elle a été enfermée dans un placard et soumise à des abus physiques et sexuels, après quoi elle est restée fidèle à ses ravisseurs et les a même aidés dans leurs activités terroristes. Au procès, elle a témoigné qu'elle avait subi un lavage de cerveau, qu'elle avait été menacée et contrainte de participer au vol.
En 2003, une femme a été renvoyée chez elle après neuf mois de captivité aux mains de Wanda Ileen Barzee et Brian David Mitchell. Mitchell aurait eu une révélation religieuse le conduisant à prendre cette femme pour épouse. Pendant sa période de captivité, elle a été soumise à des abus physiques et psychologiques ; attachée à un arbre, enfermée dans un trou et menacée avec un couteau. On la sortait en public, mais elle devait porter un voile épais et il lui était interdit de parler à qui que ce soit. Malgré cela, elle avait toujours des possibilités de s'échapper qu'elle n'a jamais utilisées.
Natascha Kampusch, âgée de 10 ans, a été enlevée par Wolfgang Priklopil sur le chemin de l'école à Vienne en 1998. Elle a ensuite été retenue pendant huit ans, la première fois dans une petite pièce sans fenêtre, où elle a été battue et photographiée par son ravisseur. Au cours des années suivantes, elle a eu plusieurs occasions de s'échapper. Elle s'est échappée en 2006, alors que Priklopil était distrait ; elle a depuis exprimé des signes de chagrin à propos du suicide de Priklopil.
Conclusion
Il existe peu de littérature disponible pour soutenir l’existence du Syndrome de Stockholm, mais les études de cas suggèrent un modèle possible dans le comportement et les expériences des personnes. Il existe des similitudes entre des études de cas de victimes d'enlèvement et d'otages qui pourraient servir de base à des critères de diagnostic. Le fait d’attribuer aux victimes de prises d’otages un syndrome psychiatrique rend leurs histoires plus faciles à lire et plus susceptibles de stimuler l’intérêt médiatique.
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