Introduction
Oh, vous vous sentez un peu lent aujourd’hui ? Cela pourrait être le "sluggish cognitive tempo" (ou cerveau lent pour les intimes) qui pointe le bout de son nez. C'est un groupe de symptômes qui incluent une pensée et un comportement au ralenti, une vigilance en berne, une rêverie exagérée et une tendance à se perdre dans ses pensées. Cela peut vous faire penser à quelqu'un qui est constamment "dans les nuages", mais cela va bien au-delà de simplement être distrait de temps en temps.
Le cerveau lent est un concept encore assez nouveau et peu étudié, et son existence fait toujours débat sur le plan scientifique. Pourtant, il peut être important de comprendre les signes déjà repérés dans la littérature car ils semblent avoir des répercussions sur la vie scolaire, professionnelle et sociale. Dans cet article, nous plongeons dans le monde du cerveau lent et découvrons ce que c'est, ses symptômes et son retentissement, ainsi que les liens qu’il entretient avec la vitesse de traitement. Nous explorons également comment la recherche peut nous aider à mieux comprendre ce concept.
Définition et symptômes du tempo cognitif lent
Êtes-vous sûr que vous ne voulez pas juste rester dans votre nuage toute la journée et rêvasser à votre prochain repas au lieu de vous concentrer sur ce qui va suivre ? Si c'est le cas, vous pourriez avoir le fameux "cerveau lent", aussi connu sous le nom de "sluggish cognitive tempo" ou "SCT" (pour les intimes). Selon un article paru dans le Journal of Clinical Child & Adolescent Psychology en 2017, le SCT se caractérise par une "lenteur de la pensée et du comportement, une diminution de la vigilance, une rêverie excessive et une tendance à être absorbé dans ses propres pensées." Autrement dit, votre pensée est lente comme une tortue, vous perdez facilement votre concentration et vous passez votre temps à vous perdre dans votre esprit au lieu de vous concentrer sur ce qui se passe autour de vous. Alors, est-ce que vous êtes concerné par le cerveau lent ?
Il est également important de souligner que les symptômes du SCT peuvent être similaires à ceux de troubles mentaux tels que la dépression ou l'anxiété, et il est donc important de faire une évaluation approfondie pour déterminer la cause des symptômes avant de poser un diagnostic. Il existe des différences clés entre le SCT et ces troubles mentaux, notamment en ce qui concerne la durée et l'intensité des symptômes, ainsi que leur impact sur la vie quotidienne de la personne.
Mais si vous pensez que ce sujet vous concerne de près, il vaut mieux en parler à un professionnel de santé pour obtenir une évaluation et des conseils. Et si vous voulez absolument vous auto-diagnostiquer avec le SCT, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas reconnu comme un trouble mental par l'Association Américaine de Psychiatrie (encore un truc de plus à ajouter à votre liste de sujets de conversation).
Incidence du tempo cognitif lent
Le tempo cognitif lent, également connu sous le nom de "sluggish cognitive tempo" ou "SCT", est un concept relativement nouveau qui est encore peu étudié dans le monde de la psychologie et de la neuropsychologie. Cependant, il y a déjà eu des études qui ont exploré les répercussions du SCT sur les domaines de la vie d'une personne, tels que la lecture, les mathématiques, le fonctionnement social et l'internalisation.
Par exemple, une étude publiée dans le Journal of Abnormal Child Psychology en 2016 a examiné les liens entre le SCT et les performances académiques chez les enfants et les adolescents. Les résultats ont montré que les enfants et les adolescents présentant des symptômes de SCT avaient des scores inférieurs aux évaluations de lecture et de mathématiques par rapport à ceux qui n'en présentaient pas. De plus, une étude publiée dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry en 2018 a révélé que le SCT était associé à un fonctionnement social moins adapté et à une moins bonne internalisation des règles chez les enfants et les adolescents.
Il y a également eu des recherches qui ont examiné les liens entre le SCT et le trouble du déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH). Par exemple, une étude publiée dans le Journal of Clinical Child & Adolescent Psychology en 2017 a trouvé que les enfants et les adolescents présentant des symptômes de SCT étaient plus susceptibles de présenter des symptômes de TDAH. Cela suggère que les deux pourraient être liés de manière complexe.
En conclusion, il est important de continuer à mener des recherches sur le SCT afin de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à ces symptômes et de développer des approches de prévention et d'intervention efficaces. En comprenant mieux le fonctionnement du cerveau et pourquoi certains individus sont plus sujets au SCT, nous pourrons mieux aider ces personnes à gérer ces symptômes et à améliorer leur qualité de vie.
Liens entre la vitesse de traitement et le tempo cognitif lent
Pour tous ceux qui se sentent lents d'esprit, pas de panique ! Selon certaines études, il se pourrait que vous ayez simplement une vitesse de traitement plus lente. Mais d'autres études n'ont pas trouvé de lien significatif, alors peut-être que c'est juste votre cerveau qui travaille plus lentement que la normale, sans pour autant être lié à des symptômes particuliers. On peut mesurer la vitesse de traitement grâce à des tests sur ordinateur, comme la tâche d'arrêt (où il faut s'arrêter lorsqu'un stimulus spécifique est présenté) et la tâche globale-locale (où il faut percevoir des formes globales ou locales en fonction de leur emplacement à l'écran). Ces tests permettent d'évaluer les capacités d'inhibition et de flexibilité mentale des enfants et sont comparés à des scores de référence pour mesurer la vitesse de traitement.
Pour comprendre comment notre cerveau fonctionne lors de tâches cognitives, les scientifiques utilisent souvent des modèles psychologiques comme les modèles d'accumulateurs de preuves et les modèles de décision. Les modèles d'accumulateurs de preuves, comme le modèle de diffusion de la dérive et le modèle d'accumulateur balistique linéaire (LBA), supposent que nous accumulons des informations jusqu'à atteindre un seuil de prise de décision. Par exemple, si vous êtes en train de décider si vous allez acheter une nouvelle voiture, vous allez probablement rassembler autant d'informations que possible avant de prendre une décision. Ces modèles nous aident à décomposer les données de performance en différents composants de la vitesse de traitement de l'information, comme la vitesse à laquelle nous accumulons des informations et la vitesse à laquelle nous prenons une décision.
Les modèles d'accumulateurs de preuves sont des modèles qui supposent que les individus accumulent des informations jusqu'à atteindre un seuil de prise de décision :
Le modèle de diffusion de la dérive (DDM) est un modèle d'accumulateur de preuves qui suppose que les individus accumulent des informations sur une variable latente appelée "dérive", qui représente l'importance relative de chaque option.
Le modèle d'accumulateur balistique linéaire (LBA) est également un modèle d'accumulateur de preuves, mais il prend en compte les coûts et les bénéfices associés à chaque option.
Les modèles d'accumulateurs de preuves sont comme des jauges qui nous aident à décider si on veut faire quelque chose ou pas. On met des petits morceaux d'information dedans et quand il y en a assez, on décide si on veut faire ce qu'on a à faire ou pas. Le modèle de diffusion de la dérive est comme une balance, on met chaque côté les choses qui sont pour ou contre faire quelque chose et on regarde ce qui pèse le plus. Le modèle d'accumulateur balistique linéaire (LBA) c'est comme un sac à dos, on met dedans toutes les informations qu'on a et quand il est plein, on prend une décision.
Les modèles de décision, comme le modèle de diffusion de la décision racine (DDM), supposent que nous choisissons entre plusieurs options en fonction de leur valeur subjective. Par exemple, si vous êtes en train de décider entre deux vacances différentes, vous allez probablement peser les avantages et les inconvénients de chaque option et choisir celle qui vous semble la plus attrayante. Ces modèles nous aident à comprendre comment nous prenons des décisions et comment notre vitesse de traitement peut influencer ces décisions.
En résumé, bien que la vitesse de traitement soit souvent considérée comme étant liée aux symptômes de tempo cognitif lent, les preuves à cet égard sont mitigées. Les modèles psychologiques tels que les modèles d'accumulateurs de preuves et les modèles de décision nous aident à comprendre les processus psychologiques sous-jacents à la performance sur des tâches cognitives et comment la vitesse de traitement peut influencer cette performance.
Conclusion de l’étude de Kofler et Irwin
La vitesse de traitement est souvent considérée comme liée aux symptômes de tempo cognitif lent, mais est-ce vraiment le cas ? C'est ce que voulait savoir une étude de 2019. Et les résultats ont montré que non, il n'y a pas de lien entre les deux. En d'autres termes, être lent pour traiter l'information ne veut pas dire que vous êtes cognitivement paresseux. Cela signifie simplement que vous prenez peut-être plus de temps pour prendre des décisions.
Mais attendez, il y a encore plus ! Les résultats de cette étude ont également montré que les symptômes de lenteur cognitive ne sont pas liés à des choix stratégiques ou à des difficultés dans les processus perceptifs ou moteurs de base. Cependant, il y a eu des cas où les enseignants perçoivent des comportements phénotypiques de lenteur cognitive chez les enfants qui prennent leur temps et sont prudents dans leur réponse. Il faut cependant faire d'autres études pour confirmer cet effet.
Autrement dit, l'étude a montré que les enfants qui ont du mal à apprendre rapidement ne le font pas parce qu'ils sont lents dans leur façon de penser ou parce qu'ils ont du mal à voir ou à bouger. Mais il y a eu des moments où les professeurs ont remarqué que certains enfants qui prennent leur temps et sont prudents avant de répondre ont des problèmes d'apprentissage. Il faut d'autres études pour savoir si cela est vrai pour tous les enfants.
En résumé, cette étude montre que la lenteur cognitive n'est pas liée à un tempo cognitif globalement lent et que les résultats mitigés de la littérature peuvent être dus à l'erreur d'échantillonnage. Il est donc important de continuer à explorer ce sujet pour mieux comprendre les causes de la lenteur cognitive et comment aider ceux qui en sont affectés. Si vous pensez souffrir de lenteur cognitive, n'hésitez pas à en parler à un professionnel de la santé mentale.
SOURCES :
· Kofler MJ, Irwin LN, Sarver DE, Fosco WD, Miller CE, Spiegel JA, Becker SP. What cognitive processes are "sluggish" in sluggish cognitive tempo? J Consult Clin Psychol. 2019 Nov;87(11):1030-1042. doi: 10.1037/ccp0000446. PMID: 31613137; PMCID: PMC6814302.
· Stephen P. Becker, Annie A. Garner, Leanne Tamm, Tanya N. Antonini & Jeffery N. Epstein (2019) Honing in on the Social Difficulties Associated With Sluggish Cognitive Tempo in Children: Withdrawal, Peer Ignoring, and Low Engagement, Journal of Clinical Child & Adolescent Psychology, 48:2, 228-237, DOI: 10.1080/15374416.2017.1286595
· Becker, S.P., Burns, G.L., Leopold, D.R., Olson, R.K. and Willcutt, E.G. (2018), Differential impact of trait sluggish cognitive tempo and ADHD inattention in early childhood on adolescent functioning. J Child Psychol Psychiatr, 59: 1094-1104. https://doi.org/10.1111/jcpp.12946
· del Mar Bernad, M., Servera, M., Becker, S.P. et al. Sluggish Cognitive Tempo and ADHD Inattention as Predictors of Externalizing, Internalizing, and Impairment Domains: A 2-Year Longitudinal Study. J Abnorm Child Psychol 44, 771–785 (2016). https://doi.org/10.1007/s10802-015-0066-z
· Camprodon-Rosanas, E., Ribas-Fitó, N., Batlle-Vila, S., Persavento, C., Alvarez-Pedrerol, M., Sunyer, J., & Forns, J. (2017). Sluggish Cognitive Tempo: Sociodemographic, Behavioral, and Clinical Characteristics in a Population of Catalan School Children. Journal of Attention Disorders, 21(8), 632–641. https://doi.org/10.1177/1087054716652477
· Becker, S.P., Withrow, A.R., Stoppelbein, L., Luebbe, A.M., Fite, P.J. and Greening, L. (2016), Sluggish cognitive tempo is associated with suicide risk in psychiatrically hospitalized children. J Child Psychol Psychiatr, 57: 1390-1399. https://doi.org/10.1111/jcpp.12580
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