Nous nous trouvions à un moment unique dans l'histoire humaine, une période marquée par une pandémie qui a contraint une grande partie de la population mondiale à se retirer dans l'isolement de leurs foyers. Les mesures de distanciation sociale, l'incertitude économique et la menace pour la santé physique ont entraîné une augmentation des niveaux d'anxiété, de dépression et de stress chez de nombreuses personnes. En réponse à ces contraintes sans précédent, beaucoup se sont tournés vers des distractions numériques pour se soulager. Une étude fascinante menée par Lewinson et al. (2020) soulève la question suivante : Qu'arrive-t-il lorsque ces refuges numériques deviennent plus qu'un simple passe-temps ? Et si les jeux vidéo, au lieu d'être une bouée de sauvetage, devenaient un piège pour ceux qui luttent déjà contre des problèmes de santé mentale ?
La vulnérabilité émotionnelle et le jeu vidéo
L'étude de Lewinson et al. a dévoilé une trouvaille troublante : une vulnérabilité émotionnelle accrue - définie par des niveaux élevés d'anxiété et de dépression - était liée à une augmentation du temps passé à jouer et à des comportements de jeu problématiques. Imaginez que votre esprit soit comme une ville fortifiée. Les émotions négatives, comme la dépression et l'anxiété, sont comme des assiégeants, mettant constamment la ville sous pression. Le jeu vidéo, dans ce contexte, pourrait ressembler à une sortie secrète, une évasion du siège constant. Mais que se passe-t-il si cette sortie se transforme en un labyrinthe, une voie à sens unique qui vous éloigne de plus en plus de la réalité ?
L'évasion du réel : Quand le jeu devient un mécanisme d'adaptation
Les jeux vidéo peuvent initialement servir de refuge, offrant une échappatoire temporaire aux émotions négatives et à la réalité stressante. Cependant, si ces jeux deviennent une échappatoire constante et exclusive, ils peuvent créer une dépendance et aggraver les problèmes de santé mentale en éloignant les individus de leurs responsabilités quotidiennes et de leurs relations sociales. Il est clair à partir des résultats de l'étude que les motifs d'adaptation élevés pour le jeu jouent un rôle de médiateur entre la vulnérabilité émotionnelle et les comportements de jeu problématiques.
En d'autres termes, les individus qui souffrent d'anxiété et de dépression peuvent se tourner vers les jeux vidéo comme un mécanisme pour faire face à leurs émotions négatives. Comme le hamster qui tourne dans sa roue, l'individu vulnérable peut se retrouver à jouer de manière compulsive, cherchant un soulagement dans un monde numérique qui, en fin de compte, pourrait ne servir qu'à amplifier leurs problèmes.
Temps de jeu et tendances au fil du temps
L'étude a révélé un fait intéressant : alors que le temps de jeu initial était élevé (environ 20 heures par semaine), celui-ci diminuait avec le temps, atteignant environ 13 heures par semaine à la fin de l'étude. Cette tendance pourrait sembler rassurante, mais la question demeure : est-ce une véritable amélioration ? Bien que la diminution du temps de jeu observée dans l'étude puisse sembler encourageante, il est important de noter que cela peut simplement refléter une acclimatation à un nouveau niveau de "normalité" de jeu excessif. Il est essentiel de s'interroger sur les motivations profondes derrière ce comportement et de prendre des mesures pour éviter que le jeu ne devienne une habitude compulsive et préjudiciable.
Implications et mesures à prendre
Les résultats de cette étude suggèrent que les personnes souffrant de vulnérabilité émotionnelle peuvent être à risque de développer des comportements de jeu problématiques en réponse à des crises mondiales comme la pandémie de COVID-19. Ces conclusions sont importantes, car elles mettent en évidence le besoin de prendre en compte les motivations de coping lors de l'examen de la relation entre les émotions négatives et les comportements de jeu problématiques.
Il est impératif de développer des stratégies pour atténuer ces risques. Des outils de dépistage, une sensibilisation accrue des cliniciens et des études de recherche longitudinales peuvent être justifiés. De plus, la promotion de mécanismes d'adaptation sains, tels que le yoga, l'exercice physique et des méthodes de gestion du stress, peut contribuer à améliorer la santé mentale et le bien-être général.
Conclusion
Alors que nous naviguions dans les eaux troubles de la pandémie de COVID-19, il est essentiel de comprendre comment nos réponses à cette crise peuvent influencer notre santé mentale. L'étude de Lewinson et al. nous donne un aperçu de la complexe relation entre la vulnérabilité émotionnelle, les comportements de jeu et les motivations d'adaptation.
Alors que nous continuons à lutter contre les effets de cette pandémie, il est vital que nous soyons conscients de ces dynamiques et que nous cherchions des moyens de soutenir ceux qui pourraient être les plus à risque. Le monde numérique peut être un refuge, mais nous devons nous assurer qu'il ne devienne pas une prison pour ceux qui luttent déjà contre les défis de la santé mentale.
Si vous ressentez des signes d'une dépendance aux jeux vidéo ou d'autres comportements problématiques, n'hésitez pas à rechercher de l'aide professionnelle. En adoptant une utilisation saine et équilibrée des activités numériques, nous pouvons préserver notre bien-être mental et éviter de tomber dans les pièges de l'addiction.
SOURCES :
Lewinson, R., Wardell, J., Kronstein, N., Rapinda, K., Kempe, T., Katz, J., Kim, H., & Keough, M. (2023). Gaming as a coping strategy during the COVID-19 pandemic. Cyberpsychology: Journal of Psychosocial Research on Cyberspace, 17(3), Article 3. https://doi.org/10.5817/CP2023-3-3
Håkansson, A., Fernández-Aranda, F., & Jiménez-Murcia, S. (2021). Gambling-Like Day Trading During the COVID-19 Pandemic - Need for Research on a Pandemic-Related Risk of Indebtedness and Mental Health Impact. Frontiers in psychiatry, 12, 715946. https://doi.org/10.3389/fpsyt.2021.715946
Zhao, G., Xie, F., Li, S., Ding, Y., Li, X., & Liu, H. (2022). The relationship between perceived social support with anxiety, depression, and insomnia among Chinese college students during the COVID-19 pandemic: The mediating role of self-control. Frontiers in psychiatry, 13, 994376. https://doi.org/10.3389/fpsyt.2022.994376
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