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La santé mentale des jeunes réfugiés

Photo du rédacteur: Guillaume BaissetteGuillaume Baissette

Dernière mise à jour : 10 mai 2021

Facteurs de risques chez les jeunes réfugiés


Une nouvelle étude, tout juste publiée, a été réalisée à Göttingen en Allemagne auprès de jeunes réfugiés afin d’évaluer les facteurs de risques associés au développement de pathologies mentales.


Avant de mener cette étude, les chercheurs avaient déjà constaté que l’accumulation de 3 facteurs de risques environnementaux (tous les facteurs extérieurs tels que les événements de vie) avant l’âge de 18 ans avançaient l’âge d’apparition d’une schizophrénie jusqu’à près de 10 ans par rapport à ce qui est constaté habituellement. Ils ont également noté que ce qui importait n’était pas la nature de ces risques mais leur nombre. Plus un enfant accumule de risques plus il sera susceptible de déclencher une schizophrénie tôt. Cet impact lié aux facteurs de risques environnementaux était plus important que les facteurs génétiques.


Récemment, et de façon inattendue, les chercheurs ont découvert que ces facteurs de risques accumulés durant l’enfance étaient associés à des comportements violents, agressifs et criminels à l’âge adulte. A l’inverse, les facteurs épigénétiques n’avaient qu’un impact mineur. Parmi ces facteurs de risque : la migration. Et ce bouleversement se retrouve également sur la deuxième génération.


L’étude a donc été menée afin de comprendre de plus près les différents risques environnementaux rencontrés par les jeunes réfugiés et leurs conséquences sur la vie psychique.


133 jeunes réfugiés, dont 80% d’hommes ont accepté de participer à cette étude et correspondaient aux critères d’inclusion. L’âge moyen au moment de fuir leur pays était de 18,3 ans avec une âge moyen d’arrivée en Allemagne de 20,2 ans. En moyenne, les jeunes réfugiés sont examinés pour l’étude près de 2 ans après leur arrivée.


Les réfugiés sont arrivés en Allemagne à :

- 39,1 % en provenance d'Afrique par la route de la Méditerranée centrale,

- 34,6% par la route de la Méditerranée orientale et des Balkans,

- 17,3 % par avion ou par d'autres routes,

- 9% par la route de la Méditerranée occidentale ou de l'Atlantique.


Les raisons de fuite sont à :

- 51,9% la persécution et les menaces à la vie,

- 25,6% la guerre/l'expulsion,

- 22,5% les raisons économiques et autres.


Environ 60% des réfugiés voyagent seuls, 40% avec leur famille ou leurs amis mais cette circonstance ne semble pas influencer l’accumulation des facteurs de risques. De même, les chercheurs n’ont pas noté de différences entre les routes empruntées.

En plus du fait d’immigrer, qui est déjà un facteur de risque, 42,8% des sujets cumulaient 3 facteurs de risque et seulement 4,5% d’entre eux n’en présentaient pas de supplémentaires.


Plus de 50% des sujets ont subi des expériences traumatisantes avant et pendant leur fuite et 40% présentaient de graves cicatrices/blessures dues à des blessures infligées de l'extérieur, telles que des coups de feu, des éclats d'obus, des coups de couteau, des explosions de bombes, des brûlures ou des chocs électriques. 27% ont subi des violences physiques et 14% des violences sexuelles.


En ce qui concerne la consommation de drogues :

- 15% consomment du cannabis,

- 7% consomment de l’alcool.



Les chercheurs préconisent un accueil empathique des jeunes réfugiés en leur assurant les besoins sanitaire et éducatifs ainsi qu’un hébergement sûr. Le but étant de redonner confiance et stabilité afin de réparer autant que possible les parcours chaotiques de ces personnes. Cependant, étant donné que ces sujets sont à fort risque de développer des comportements agressifs et criminels, les chercheurs redoute une inaction sociale.

Un soutien européen rapide et durable incluant des moyens efficaces d’intégration permettrait d’éviter de telles conséquences sur les territoires des pays accueillants et permettrait également à ceux qui reviendront dans leur pays d’origine de contribuer à sa reconstruction ou sa prospérité. Eviter à ces jeunes réfugiés de devenir de potentiels agresseurs ou criminels devrait être un objectif commun.


Les auteurs proposent que les jeunes réfugiés puissent avoir un examen médical détaillé ainsi qu’un emploi très rapidement afin de subvenir modestement à leurs besoins. Ils proposent également que ces jeunes soient suivis régulièrement par des travailleurs sociaux et qu’ils bénéficient de cours de langue.


Source :

M. Begemann et al., Accumulated environmental risk in young refugees - A prospective evaluation, EClinicalMedicine (2020), https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2020.100345

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