STRESS ET GASPILLAGE
Comment le stress influe sur nos comportements de consommation mais surtout sur nos comportements de gaspillage ?
Les changements environnementaux causés par l’activité humaine font régulièrement les gros titres et les réflexions pour inverser la tendance sont nombreuses alors que les résultats significatifs se font attendre.
L’une des tendances actuelles en matière de préoccupation environnementale est de réduire les gaspillages. Gaspiller c’est utiliser de manière inefficiente les ressources.
Les chercheurs ont mené plusieurs expériences et concluent que le stress était positivement associé au comportement de gaspillage général de même qu’il l’était pour le comportement de gaspillage alimentaire et ce, quel que soit l’âge et le sexe des participants.
Pour tenter une explication à ce phénomène, les chercheurs ont mené une deuxième étude mesurant l’effet médiateur de la maitrise de soi sur les comportements de gaspillage. Les analyses ont démontré que le stress perçu était négativement associé à la maîtrise de soi et positivement associé au comportement de gaspillage. Par ailleurs, L'effet de la maîtrise de soi sur le comportement de gaspillage était significatif tandis que l'effet du stress devenait non significatif.
Ainsi, avec cette étude, les chercheurs proposent une explication aux comportements de gaspillage. Le stress affecte la maitrise de soi ces personnes et cette maitrise de soi altérée conduit à des comportements de gaspillage.
A partir de travaux de ce type, les pouvoirs publics peuvent commencer à considérer l’importance de la vie émotionnelle des populations dans leurs comportements de consommation et de gaspillage. Pour diminuer le stress ressenti, les auteurs proposent plusieurs pistes dont celle du lien social. En effet, avoir des relations proches est une des ressources importantes associées à la maitrise de soi.
SOURCE :
Zhang, K.; Cai, Y. The Effect of Stress on Individuals’ Wasting Behavior: The Mediating Role of Impaired Self-Control. Sustainability 2022, 14, 1176. https://doi.org/10.3390/su14031176
LES VALEURS ET LE VOTE POPULISTE
Cette étude a été menée en Allemagne dans le contexte de l'élection fédérale allemande de 2017 et reflète donc en partie les spécificités politiques de ce pays.
Les auteurs s’appuient sur la définition suivante du terme « valeur » et qu’ils empruntent à Rokeach (1973) :
"Une valeur est une croyance durable selon laquelle un mode de conduite ou un état final d'existence spécifique est personnellement ou socialement préférable à un mode de conduite ou à un état final d'existence opposé ou inverse "
Un système de valeurs humaines fondamentales se définit comme "des objectifs trans-situationnels souhaitables, d'importance variable, qui servent de principes directeurs dans la vie d'une personne ou d'une autre entité sociale" (Schwartz, 1994). Ces valeurs sont fondées sur des besoins humains universels qui varient en importance d'un individu à l'autre et qui peuvent être identifiées dans toute société.
La théorie des valeurs humaines basiques de Schwartz comprend 10 valeurs organisées comme suit :
Ouverture au changement
Autodirection : Pensée et action indépendantes - choisir, créer, explorer.
Stimulation : Excitation, nouveauté et défi dans la vie.
Mise en valeur de soi
- Hédonisme : Plaisir ou gratification sensuelle pour soi-même.
- Réalisation : Succès personnel par la démonstration de compétences selon les normes sociales.
- Pouvoir : Statut social et prestige, contrôle ou domination sur les personnes et les ressources.
Conservation
- Sécurité : Sécurité, harmonie et stabilité de la société, des relations et de soi-même.
- Conformité : Retenue des actions, des inclinations et des impulsions susceptibles de contrarier ou de nuire aux autres et de violer les attentes ou les normes sociales.
- Tradition : Respect, engagement et acceptation des coutumes et des idées de sa culture ou de sa religion.
Transcendance de soi
- Bienveillance : Préservation et amélioration du bien-être des personnes avec lesquelles on est en contact personnel fréquent (le "groupe d'appartenance").
- Universalisme : Compréhension, appréciation, tolérance et protection du bien-être de tous les peuples et de la nature.
Autres
- La spiritualité : a été considérée comme une onzième valeur supplémentaire, mais il a été constaté qu'elle n'existait pas dans toutes les cultures.
Dans cette étude, les chercheurs ont tenté de mettre en lumière le lien entre les valeurs des votants et la tendance au vote populiste.
D’après la littérature sur le sujet, ils émettent l’hypothèse que les électeurs ayant des valeurs de faible conformité sont plus susceptibles de voter pour des partis populistes.
Etant donnée la nature des débats sur l’immigration en Europe ces dernières années, les chercheurs s’attendent également à ce que les citoyens ayant de fortes valeurs de sécurité soient plus susceptibles de voter pour des partis de droite qui promeuvent des programmes anti-immigrants. En revanche, les individus qui ont des valeurs de sécurité faibles devraient être plus enclins à voter pour les partis de gauche.
Concernant les valeurs universalistes, les chercheurs s’attendent à ce que les électeurs qui ont de faibles valeurs d'universalisme soient plus susceptibles de voter pour des partis de droite et inversement.
Les résultats sont conformes aux attentes des chercheurs. Par exemple, une personne ayant des scores plus élevés en matière de sécurité, plus faibles en matière d'universalisme et plus faibles en matière de conformité est beaucoup plus susceptible d'avoir une vision critique de l'intégration européenne.
Les auteurs constatent que les valeurs auxquelles les personnes adhèrent, expliquent mieux l’orientation de leur vote que les données socio-démographiques.
Les valeurs pro-sécurité rendent plus probables les opinions anti-immigration, tandis que des valeurs universalistes et de conformité plus fortes prédisent les attitudes favorables à l'immigration.
Les électeurs ayant des valeurs de sécurité plus fortes sont plus susceptibles de voter pour les partis de droite. Le fait d'embrasser l'universalisme et de refuser les valeurs sécuritaires rend le vote pour les populistes de gauche et pour les écologistes plus probables.
Les électeurs qui ont des valeurs de conformité faibles croient qu'un acteur politique qui s'engage dans un style populiste représente mieux leurs valeurs personnelles. Ceci crée une proximité émotionnelle avec les acteurs politiques qui adoptent un style populiste, qui ne tiennent pas compte des normes dans le débat public.
Les auteurs remarquent également que la correspondance entre les comportements non-conformistes des électeurs et ceux des politiciens populistes n’apparait que dans le vote d’extrême droite et pas dans celui d’extrême gauche. L’une des explications viendrait du fait que les partis d’extrême gauche allemands sont moins sujets au scandales langagiers que l’extrême droite.
Les valeurs influencent également en partie les votes plus conventionnels.
SOURCE :
Ozdemir, U., & Jacob, M. S. (2021). Values, Taboos, and Votes: How Basic Human Values Affect Populist Electoral Support. Swiss Political Science Review, 00, 1– 22. https://doi.org/10.1111/spsr.12499
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